Je voudrais faire une petite mise au point sur ma
façon de procéder pour sélectionner les manuscrits. La sélection se fait, en
fait, dès les premières pages, en général le premier tiers. On a déjà, à ce
stade, une pleine visibilité du style de l’auteur. Du point de vue récit, on
est également en mesure de savoir si l’on a envie de lire la suite ou non. La
lecture, je le dis et le répète, doit rester un plaisir et il y a une
différence nette entre « intriguer » son lecteur (sentiment positif)
à l’aide d’indices disséminés dans le récit et susciter l’incompréhension
(sentiment négatif) par des scènes trop rapides ou des réactions mal expliquées
ou autres...
Je fonctionne de la même façon avec les livres
publiés que je lis en parallèle. Un livre qui ne m’accroche pas, je l’abandonne.
Vous comprendrez donc que, me devant d’être encore plus exigeante avec les
manuscrits que je reçois (n’oublions pas qui paye, encore une fois),
un récit qui ne m’emballe pas dès les premières lignes, je ne compte pas l’éditer.
Je ne le lis donc pas jusqu’au bout et laisse la chance à d’autres !
Il en est de même pour ceux qui m’emballent, même
si ceux-là, je les lis jusqu’au bout puisque j’en ai envie — j’ai envie de
connaître la fin, évidemment —, je sais déjà depuis longtemps que la
réponse sera positive. D’ailleurs, je l’annonce souvent déjà à l’auteur à ce
stade.